Chères consœurs, Chers confrères, Chers amis,
Dans cette belle tradition, le conseil d’administration et moi-même, nous réjouissons de vous présenter tous nos vœux pour cette nouvelle année.
Qu’elle puisse se dérouler dans la sérénité et la jouissance épicurienne dans votre vie personnelle et professionnelle.
« Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pied ferme ».Cette belle Maxime de Saint-Augustin nous inspire quelques réflexions.
Trouver le « bon chemin ». Quel enjeu !
Il s’agira de nous interroger collectivement sur la pérennité de notre profession dans son approche relationnelle mais également très certainement envisager de nouvelles orientations politiques dans un avenir proche.
La psychothérapie s’origine sur l’expérience de la cure personnelle qui de fait, induit que le praticien a été lui-même un patient et s’est confronté à l’élaboration de son propre inconscient. Permettez-moi la métaphore : « qu’il est allé lui-même au tapis ».
Roland Gori nous rappelle que les diagnostics psychiatriques révèlent autant la culture et l’éthique de ceux qui les portent que le « vrai « de la souffrance des patients.
S. Freud nous enseigne que le mécanisme psychique de la névrose n’est pas lié à l’invasion d’un trouble morbide mais est tout près dans la structure de notre vie psychique « normale ».
Le champ de la santé mentale aujourd’hui, tente de médicaliser nos Souffrances psychiques, le non élaboré dans l’unique du sujet, en oubliant que c’est le symptôme, notre « bricolage », qui nous permet de tenir au monde et surtout qui vient nous enseigner et nous orienter vers l’élaboration de nos problématiques inconscientes.
Le risque serait alors de généraliser une approche scientiste et comportementaliste c’est-à-dire tout interpréter à travers le prisme de la psychopathologie, et de fait de n’apporter qu’une seule réponse chimique sur le court terme …
La grande découverte de la psychanalyse reprise par le champ de la psychothérapie relationnelle est que le savoir inconscient est du côté du patient, et que la méthode du thérapeute lui permet de dévoiler dans les manifestations que sont les formations de l’inconscient : rêves, symptômes, actes manqués, transfert… Pour S. Freud, le détenteur du savoir est le patient et non plus le clinicien.
Aujourd’hui nous, praticiens en psychothérapie relationnelle, avons bien souvent à être confrontés à une évaluation de nos pratiques prouvant leur efficacité et la vitesse des résultats à court terme. C’est-à-dire transformer le sujet humain au rythme des algorithmes et des pensées objectivantes en oubliant toute subjectivité.
Il s’agirait alors de guérir, et le plus vite possible ! Jacques Lacan nous rappelle que la guérison viendra de « surcroît ». Le champ de la santé mentale s’en retourne dès lors dans le giron de l’hygiène publique dont elle était sortie.
La psychothérapie relationnelle défend le principe que le patient va se « soigner » lui-même. Le thérapeute lui offre son écoute, dans l’altérité, prenant en compte sa subjectivité. Il examine également la situation qui lui paraît la plus à même dans son cas singulier de vivre comme une expérience unique à partir de laquelle il pourra mobiliser ses forces psychiques. Ce qui lui permet de réinscrire pas à pas le primat de la pulsion de vie et du désir, et ainsi de renoncer à ses pulsions auto destructrices.
Et citons Otto Rank : « je crois que nos névroses sont des œuvres artistiques que l’expérience de la psychanalyse peut permettre de reprendre ».
Nous avons aujourd’hui à nous alarmer de la remise en cause de la psychothérapie relationnelle dans le système de soins.
Nous aurons à défendre l’importance de cette dimension relationnelle dans la construction du sujet, et dans les offres thérapeutiques de prise en charge de la souffrance psychique.
Malheureusement, nous constatons la multiplication et l’aggravation de nombreuses mesures de discrimination voire d’exclusion, visant ceux qui se reconnaissent dans une approche clinique relationnelle, ou qui se réclament de la psychothérapie dans leurs pratiques qu’ils soient soignants, universitaires, praticiens libéraux, ou praticiens institutionnels.
Une politique qui viserait à se priver des apports de notre clinique, dans la compréhension des enjeux individuels de la souffrance psychique, ne peut être que contre-productive. Et ceci, aussi bien pour les enfants, adolescents, ou adultes.
Cette politique et cette approche viendraient alors à générer l’explosion des décompensations, dépressions, symptômes anxio -dépressifs, suicides, décrochages scolaires, errance, repli identitaire….
Nous sommes véritablement face à un enjeu de santé publique.
À nous d’être actrices et acteurs face à ce défi et ce combat.
Pierre Zobel, Président et le Conseil d’Administrationdu
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