publié le 23/01/20 par Francoise Morin Malcor, titulaire du SNPPsy
Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais, parle du paradoxe d’être seul en présence de quelqu’un et affirme que c’est l’un des signes les plus importants de la maturité de développement affectif. Pour se construire psychiquement, l’enfant va apprendre à être seul en présence de la mère. Il a la capacité d’être autonome quand il a intégré psychiquement la présence de la mère.
Et il poursuit : « Et quand il est capable de renoncer à la présence de la mère ou du substitut, il va édifier un environnement interne. Et, en fait, il y a toujours quelqu’un de présent, quelqu’un qui inconsciemment est assimilé à la mère et aux soins qu’elle lui a apportés les premières semaines de sa vie. »
« C’est seulement lorsqu’il est seul (c’est-à-dire en présence de la mère) que le petit enfant peut découvrir son moi et qu’il est capable de faire l’équivalent de ce qui s’appellerait se détendre chez un adulte. Il est important que quelqu’un se trouve là, que quelqu’un soit présent sans pourtant rien exiger. »
Cette dernière phrase correspond à mes intentions de thérapeute : être présente, m’engager auprès du patient, et me dégager pour qu’il prenne sa place peu à peu, qu’il trouve son espace et qu’il se découvre tel qu’il est.
Ce que Winnicott dit de la relation mère-enfant peut être dit de manière équivalente de la relation entre le thérapeute et le patient. Il est très intéressant de souligner le parallèle constant qu’il fait entre le développement du nourrisson en interaction avec sa mère, et l’évolution de la relation avec l’analyste en psychothérapie. Il met en évidence les similitudes de la mère et du psychothérapeute dans leur fonction de miroir (« le bébé, quand il tourne son regard vers le visage de sa mère, généralement, ce qu’il voit, c’est lui-même »), et de soutien à la poursuite du même objectif : le passage de la dépendance à l’autonomie.
C’est bien mon objectif essentiel que de permettre au patient que j’accompagne de se voir lui-même, d’être dans un sentiment d’exister, dans la sécurité et la continuité d’être.
ll est très intéressant d’avoir en tête ce concept du « holding » de Winnicott quand on travaille avec des enfants et on peut transposer également cette théorie sur des adultes : voir dans quelle demande de sécurité ils sont, chercher ce qui n’a pas été assez contenu, et les aider à faire ce passage vers plus de maturité.
Winnicott m’aide à continuer ce beau métier. J’aime à penser que, si je fais suffisamment bien mon travail, le patient trouvera son propre soi et sera capable d’exister, de se sentir réel et autonome.
Merci pour ce bel article qui me donne envie de creuser cette notion winnicottienne de « holding ».