publié le 30/03/20
Par J-M Helary membre de la commission déontologie du SNPPsy
En la circonstance il est important de relayer des informations sur les caractéristiques qui se précisent au fur et à mesure que se répand cette pandémie .
Il est de notre devoir de nous tenir informé et de tenir informé nos collègues .
Notre compétence relationnelle reste d’actualité elle doit tenir compte de la réalité sanitaire qui nous contraint à des aménagements de cadre .
Être en relation suppose d’être vivant , et pour rester vivant nous devons protéger notre soma , notre corps biologique.
Celui-ci et celui de chaque être humain sur cette planète est menacé potentiellement et de plus en plus effectivement par un virus dont nous découvrons collectivement la contagiosité en temps réel.
Bien-sûr cela nous rappelle comme le disait le « grand philosophe » Woody Allen « que la vie est une maladie contagieuse , mortelle et sexuellement transmissible . »
Sauf que là , la maladie et la mort s’invitent sournoisement et en toute invisibilité dans nos vies ordinaires et d’abord à bas bruits…
Les chercheurs spécialistes infectiologues ont une longueur d’avance en terme d’analyse des processus de transmission du virus .
À l’heure qu’il est nous supposons acquis par nous tous les caractéristiques de cette pandémie et les mesures de protection qui s’imposent à nous pour notre sauvegarde à tous : gestes barrières, confinements etc.
Si il y a « un terrorisme » c’est bien celui de fait que le virus nous impose et non les blouses blanches ou les politiques aux commandes qui cherchent à enrayer sa propagation en prenant des mesures strictes .
Toute rencontre en présence physique est par principe de précaution proscrite jusqu’à nouvel ordre .
Ou alors doit s’accompagner d’un équipement non accessible à tous 🙁 masques , gants , lunettes combinaisons etc.)
Et lorsque que la rencontre est inévitable elle doit s’accompagner -en l’état de la connaissance scientifique actuelle- de barrières de transmission du virus : port de masques adéquats , désinfection des surfaces avant de les toucher, lavage des mains , distance d’un mètre 50 entre les personnes etc.
Quel psychopraticien a, par exemple, des masques adéquats en stock à son cabinet ?
C’est pourquoi nous devons nous adapter et qu’aujourd’hui le moyen de garder le contact et de pouvoir dans certains cas continuer à travailler dans notre domaine , passe par le médium du téléphone ou de la visio communication, jusqu’à nouvel ordre .
C’est une question de sauvegarde personnelle et collective .
Force est de constater que nos habitudes tactiles tellement ancrées deviennent potentiellement dangereuses dans cette période si particulière de pandémie .
Là où paradoxalement en temps « normal » la tendresse est salvatrice dans certaines relation entre proches …
Aussi connaître notre fragilité et notre vulnérabilité dont nos habitudes tactiles sont en la circonstance porteuses c’est devenir paradoxalement plus forts pour faire face à l’adversité que représente la pandémie.
Notre compétence de psy nous maintient en bonne place pour faire passer le message et contribuer à ce que chacun s’approprie ces impératifs de la réalité extérieure .
Et ce pour à partir de là , examiner avec nos patients comment le lien peut être préservé et à quel moment il s’agit pour certains de consentir à reporter des rdv et pour d’autres à proposer une continuité du lien en changeant de modalité.
Et de pouvoir continuer un travail ensemble à inventer ou à réinventer par téléphone ou visio communication .
Certains patients sont ouverts à ce changement dans la continuité d’autres sont réticents ou mal à l’aise d’abord avec ce changement de cadre …
Cela comme d‘habitude dans tout travail psychique peut être investigué par la parole…
Reste la possibilité d’en parler avec chacun et de s’adapter à chaque situation en signalant à nos patients notre disponibilité par d’autres moyens de communication que la rencontre en présence quoi qu’il en soit pendant toute la période de confinement qui nous est imposée par la réalité virale et la réponse de sauvegarde face à cette réalité.
Reste que nous avons d’abord chacun à prendre soin de nous et des uns des autres en tant que soignant . Rester vivant est la meilleure façon d’y parvenir .
Vivant dans notre soma , notre corps biologique et aussi vivant dans notre créativité relationnelle . Notre capacité à rester vecteur de tendresse dans le ton de nos paroles quand c’est ajusté , à se laisser toucher et à toucher par notre ouverture aux affects qui nous affectent .
Et ce tout en le conjuguant avec la fermeté des mesures de protection à appliquer et à la consistance à continuer à donner aux mises en sens de ce qui nous arrivent sur la scène subjective et aux carrefours entre scènes subjectives et objectives .
Utilisons aussi ce temps de confinement pour aller plus profondément dans la réflexion.
D’abord personnelle puis prenons le temps de nous parler par téléphone pour mieux penser à plusieurs .
Partageons les sources d’informations , les témoignages , les créations des poètes et penseurs en prise avec cette réalité …
Écrivons , partageons comment chacun fait face .
Voyons quelles contributions peuvent être publiées sur le site dans l’espace ouvert à tous et dans l’espace réservé aux membres abonnés .
Que ceux qui font partie des confinés privilégiés puissent proposer leur aide , leur écoute sensible , à ceux qui risquent leurs vie , s’exposent pour s’occuper des autres : les soigner , assurer leur sauvegarde et leur survie et leur vie à l’abris …
Paradoxalement nous qui – hors période de confinement sanitaire – résistons pour maintenir coûte que coûte les valeurs et les vertus de la relation qui soigne à travers des rencontres en présence ,
nous nous devons par les temps qui courent et devons aux autres exceptionnellement de valoriser tous les moyens de garder le lien à distance avec chacune et chacun qui y consent .
Prenons soin de nous !
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